[Flashback] Le commencement | feat. Nino Krysten

Le visage pâle, des cernes sous les yeux, l'état de sa mère ne cessait d'empirer de jour en jour et il ne fallait pas être guérisseur pour comprendre que cela se présentait mal, très mal. Le point serré, Nino ravalait difficilement la rage qui le faisait bouillonner. Lui qui était calme de nature, au tempérament très doux se battait contre des sentiments d'impuissance qui l'envahissaient à chaque fois qu'il posait les yeux sur sa mère. Et cela n'avait rien avoir avec l'adolescence qui lui titillait les hormones du haut de ses quinze ans. Elle avait besoin d'aide. C'était évident. Mais le manque de particule dans leur nom dénuait sa vie de toute importance, la reléguant au rang de citoyen lambda dont on se fichait éperdument qu'elle soit morte ou vivante.

Désespéré, Nino s'était à nouveau rendu dans les beaux quartiers d'Al-Jeit. Il avait soigné son apparence pour une fois, avant de quitter le petit appartement ce matin-là, essayant de discipliner ses cheveux épais et bouclés, conscient que de toute façon, ses vêtements trahiraient le fait qu'il ne faisait pas parti des citoyens les plus pauvres du pays. Mais il n'avait pas rebroussé chemin, pas même quand on l'avait pris de haut. Il avait arpenté les rues à la recherche d'une quelconque aide. On venait de le chasser d'une ruelle, alors qu'il interpellait les gens, leur demandant s'ils connaissaient un guérisseur. Il ne faisait rien de mal, mais les regards qu'on lui jetait valait tout dire et se retrouva chasser, les citoyens pensant qu'il préparait un mauvais coup, comme voler ce marchant d'étoffes soyeuses, détournant son attention en le questionnant. Ridicule pour quiconque connaissait la droiture du gamin.

Il s'enfuyait en courant, jetant des petits coups d'oeil derrière lui et notant qu'ils ne l'avaient pas suivi, commença à ralentir l'allure. Il se refusa à rentrer bredouille chez lui, mais avant d'avoir le temps de réfléchir à ce qu'il pouvait faire d'autre, une jeune fille, qui semblait un tout petit plus vieille que lui l'interpella. Il la jaugea, la dévisageant de haut en bas, essayant de déterminer si oui ou non elle était à même de l'aider ou si elle se moquait de lui, comme les autres l'avaient fait. Si la jeune femme n'était pas noble, elle était au moins riche, ses apparats ne ressemblaient en rien à des vêtements de basses qualités. Les lèvres pincées, conscient qu'elle serait peut-être son seul espoir à trouver de l'aide, il se retient de l'envoyer promener en lui lança de s'occuper de ses affaires pour lui demander plus froidement qu'il l'aurait dû à la place : « un guérisseur. Tu en connais un ? »

Nino était sur la défensive. Tout dans son attitude le criait, jusqu'à la tonalité de sa voix. Froide et dénuée de bienveillance. Bien loin de l'adolescent qu'il était en réalité. Bien loin de son éducation. Si sa mère avait été là, nul doute qu'elle lui aurait lancé un regard qui voulait en dire plus long qu'une réprimande. Il se serait senti vraiment honteux et se serait excusé sur-le-champ de son comportement des plus déplacés... Oui mais voilà, sa mère n'était pas là. Pire encore, elle se mourrait. Si ce n'était pas en soi une excuse, comme cette dernière n'aurait pas manqué de le lui faire remarquer, cela expliquait la tension qui habitait son corps depuis plusieurs mois et le rendait taciturne, à la limite de désagréable.

L'attitude du garçon ne sembla pas choquer la jeune fille, ou alors, son éducation lui intima de passer sous silence le ton malpoli qu'il avait employé. Tout aussi aimable, elle lui signala qu'elle n'en connaissait pas particulièrement, mais lui indiqua la marche à suivre pour en rencontrer. La réponse ne plu pas vraiment au garçon qui se sentait presque moqué et tourné en ridicule. Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu'il serait refoulée avant même d'atteindre les portes du Palais. Ses lèvres se pincèrent dans un rictus sarcastique et s'exhortant au calme, il laissa passer quelques secondes avant de répondre à la jeune fille pour ne pas l'agresser davantage. « C'est pas possible. Merci, bonne journée. » Simple, précis, efficace. Avec ça, elle le laisserait tranquille. Il s'apprêtait à reprendre son chemin et oublier cette rencontre qui ne l'avait aidé en rien mais c'était sans compter le caractère de la jeune fille qui parla à nouveau.

Nino dévisagea à nouveau la jeune femme, plongeant ses iris dans les lacs bleus de la jeune fille. Elle était vraiment très belle et si Nino se surprenait parfois à laisser ses yeux contempler les courbes féminines tandis que ses hormones l'éveillaient à de nouvelles sensations et envies, il nota à peine la grande beauté de la jeune fille. Son cerveau, bloqué sur la décision qu'il devait prendre : devait-il se confier, oui ou non, à la jeune fille ? « Nino. » commença-t-il à répondre, la défiant presque du regard en levant son menton un peu plus haut, de lui demander son nom de famille qui serait, sans grande surprise, dépourvu de particule. « Et toi ? » demanda-t-il engaillardit par sa première réplique, acceptant tacitement le tutoiement. Décidé à lui dévoiler une partie de la vérité sans trop s'impliquer émotionnellement, il termina en lui disant : « c'est assez classique, j'aide quelqu'un de malade. Cette personne ne pouvant se déplacer, je me charge pour elle de trouver un guérisseur. »

Le corps de Nino se détendit subtilement, alors que la jeune fille ne semblait pas vouloir insister pour connaitre son nom de famille. Le garçon commençait à penser qu'il l'avait peut-être mal jugé et surtout trop vite tandis qu'elle reprenait la parole. Mais il se rembrunit rapidement, alors qu'elle insistait pour qu'il se rende au Palais quémander l'aide qu'il cherchait tant. Il soupira, arquant un sourcil en notant qu'elle utilisait volontiers du on pour désigner le siège du pouvoir. Il regretta presque, une demi-seconde seulement, de ne pas avoir confié son nom de famille pour qu'elle en fasse autant, avant de se dire que de toute façon, il n'aurait pas été plus avancé que ça. Elle était issue de la noblesse, ses vêtements, la grâce de ses traits jusqu'à la façon ton elle se tenait et occupait l'espace le clamait. Et surtout, il ne s'était jamais trop intéressé à la politique et n'avait pas pris soin de retenir les noms des figures emblématiques de l'Empire.

« Parce que je doute y être le bienvenu et aussi bien reçu que tu le ne laisse à entendre » répondit finalement le garçon d'un ton beaucoup plus doux qu'il n'avait utilisé jusqu'alors. En laissant tomber le côté agressif, la tonalité était beaucoup plus las, retranscrivant sa fatigue mentale et émotionnelle de ces derniers mois, couplée à celle qui l'enfonçait un peu plus alors qu'il se rendait compte qu'il devenait s'expliquer une nouvelle fois. Il jaugea une nouvelle fois la fille. Elle semblait si sûr d'elle que Nino l'envia pendant quelques secondes avant de se reprendre, se trouvant tout bonnement ridicule. Avant même que la jeune fille n'ait le temps de surenchérir pour le contredire, il osa lui proposer, un espoir ténu commençant à naitre en lui. « On peut y aller ensemble, tu verras bien. » Négatif. Oui, mais intimement, il espérait qu'il se trompait. Si un infime espoir existait qu'elle puisse lui faire franchir les portes du Palais, il se devait d'essayer.

Le commencement feat. Nino

Plus le temps passait, plus tu étais dans l’incompréhension. Pourquoi ce garçon te paraissait-il si énigmatique ? Sûrement parce qu’il l’était. Et toi, pourquoi tu voulais absolument t’aider ? Même si tu étais bien élevée, il t’était rare d’arrêter des inconnus dans la rue pour parler de leurs malheurs. Tout ce qui t’intéressait, c’était le Dessin, et ce que tu ne savais pas, c’était que ce serait encore pire si tu possédais le Don. Là, tu serais vraiment obnubilée… par le pouvoir. Pas pour l’utilliser à des fins malveillantes, absolument pas ; mais juste pour le plaisir de l’avoir, de briller sous les projecteurs, de reproduire chez le monde cette admiration que tu provoquais déjà chez tes parents.

Mais là, pour l’instant, c’était différent. Pour une raison qui t’échappait, tu te disais véritablement qu’il fallait que tu aides Nino. Son cas te touchait, sans même vraiment le connaître, mais la simple idée que ce soit le rôle d’un jeune garçon d’aller chercher de l’aide médicale… te terrifiait. Tu ne savais pas comment tu réagirais si il arrivait quelque chose à quelqu’un que tu aimais, à ta famille, peut-être. Est-ce que toi aussi, tu serais prête à courir paniquée dans les rues pour espérer trouver quelqu’un qui pourrait t’aider ? Tu n’en étais pas sûre. En fait, tu n’en savais rien. Ton empathie pour Nino grandit.

Celui-ci te répond qu’il ne pense pas être le bienvenu au Palais. Comment ça ? Pourquoi ne le serait-il pas ? Pourquoi paraissait-il si froid devant l’idée du Palais et de la noblesse ? Certes, il n’en faisait sûrement pas partie vu son accoutrement, mais pourquoi serait-il mal traité au Palais ? Etait-ce de ça dont il avait peur ? Trop de questions te tournaient dans la tête et te turlupinaient donc tu ne puis pas prendre la parole tout de suite. Soudainement, il proposa que vous y alliez ensemble.

Surprise. Oui, c’est bien ça ; tu ne t‘y attendais pas. Nino semblait s’être un peu calmé, il avait l’air moins agressif avec toi, ce qui te faisait plaisir. Peut-être que c’était juste la peur et la précipitation qui l’avaient rendu aussi froid précédemment. Ou peut-être pas. Peut-être simplement qu’il commençait à te faire confiance. En tout cas, tu te posais beaucoup trop de questions et il allait falloir que tu organises tout ça.


Sur ces mots, vous vous mettez tous deux en direction du Palais. Vous n’en êtes pas bien loin, ce qui est pratique. Autour de vous, toutes les différentes catégories de résidents de la capitale s’affairent : les marchands, les civils qui se baladent… et toi, tu es silencieuse. Tu n’oses pas trop parler à Nino de peur de l’irriter de nouveau. Tu n’aimerais vraiment pas gâcher ce petit bout de lien que vous venez de créer. Alors tu marches et parfois, tu jettes des petits coups d’œil de côté pour observer son expression faciale.

Code par Hiyorin

Si le garçon s'était légèrement détendu il n'en restait pas moins toujours sur ses gardes. Tournant les talons, il emboita le poids à Lalwendë sans rien ajouter d'autre, ruminant en silence ses idées noires. S'il mentait effrontément à sa mère en lui cachant l'angoisse qui lui tenait le ventre, une fois qu'il sortait de sa petite chambre plongée dans la pénombre, ses traits se figeaient. Plusieurs émotions avaient traversées le garçon. L'inquiétude, bien sûr, en la voyant si faible. Puis la colère, alors que les guérisseurs refusaient de se rendre au chevet de sa mère, faute de moyen. Désespoir de ne pas trouver d'issue à ce cauchemars. Puis de nouveau la colère, contre la maladie, contre son père qui se laissait aller... Et maintenant, l'espoir. Car oui, il avait beau le nier, la combattre de toutes ses forces et refuser son existence. Elle était là. Ténue. Fragile. Insidieux serpent qui allait le faire tomber de haut.

Il avait presque envie d'y croire, de sourire aussi largement que la jeune fille. Mais sa raison l'en empêcha. Ils arrivèrent rapidement devant la porte des Songes, la principale qui menait au Palais. Ce n'était pas loin de la ruelle qui l'arpentait mais s'en tenait éloigné, conscient que l'accès lui serait refusé. Et cela ne manqua pas, alors qu'il suivait la jeune fille, le garde le héla avant qu'il ne puisse franchir l'entrée. « Déclinez votre identité. » La voix n'était pas méchante, juste intransigeante et détachée, une voix qui applique le protocole bêtement et simplement. Le garçon se tourna alors vers la jeune fille, haussant le sourcils et lui lançant un regard des plus explicites, qui signalait : tu vois, je te l'avais bien dit.

« Nino Krysten » répondit-il néanmoins, conscient que c'était à lui que s'adressait cette question et non à la jeune fille qui l'accompagnait. Il regardait le garde dans les yeux, sans animosité et le ton qu'il avait employé, bien que froid n'était pas aussi agressif que celui employé à l'encontre de Lalwendë quelques minutes auparavant. « Je ne peux vous laisser entrer sans autorisation » lâcha simplement le garde en réponse. Se tournant vers la jeune fille, Nino, n'y tenant plus, déclara à la jeune fille : « tu vois, je te l'avais bien dit ! » avant de tourner les talons pour s'éloigner, évacuant sa rage en tapant le sol pavé avec force à chacun de ses pas.

Le commencement feat. Nino

Le garçon te parait plutôt d’humeur mixte. Tu n’arrives pas à le cerner. Peut-être est-ce ton jeune âge aussi -peut-être moins jeune que le sien par contre- qui fait que tu n’as pas trop d’esprit d’analyse en ce qui concerne sa personnalité ? Jusqu’ici, il t’a paru plutôt froid et… bizarre. Tu ne savais pas trop quel était son problème. Certes, tu savais qu’il était en souffrance, mais à part ça ? Avec le temps, il te paraissait néanmoins être de plus en plus ouvert, mais c’était vraiment très subtil.

Vous aviez marché quelques minutes alors que vous arrivâtes enfin au Palais. Ca y est. Tu allais pouvoir prouver à Nino que tout se passerait bien. Ici, tu étais quelqu’un de connu, et n’importe quel garde te reconnaitrait forcément, même si c’était un garde qui ne travaillait que depuis vingt quatre heures. La famille Gil’ Tarannon ne passait pas inaperçue. Justement, le garde que vous croisâtes demanda à Nino de décliner son identité. Tu n’eus pas le réflexe de répondre immédiatement parce que c’était évident qu’il ne s’adressait pas à toi. Le jeune homme lui répondit alors (et tu appris dans le même temps son nom de famille, évidemment sans particule noble) et le garde eut la réaction froide de lui déclarer qu’il n’avait pas le droit de le laisser entrer sans autorisation. C’était une blague ou quoi ? Est-ce qu’il t’avait seulement vue ?

Avant que tu puisses réagir, Nino s’énerva et s’adressa à toi en te déclarant qu’il avait raison. Non, c’était impossible. Pas sur ce sujet. Alors qu’il s’était tourné et commençait à s’éloigner de lui-même, tu reculas pour l’attraper de toutes tes forces par le bras.


Sur ces mots, tu le trainas de nouveau avec toi près du garde et fixas celui-ci droit dans les yeux, en fronçant les sourcils.


Tu ne savais pas vraiment pourquoi, mais tu étais en colère. Pourquoi avait-il automatiquement refusé la gentille requête de Nino ? Certes, c’était son travail de protéger le Palais des inconnus, mais quand même, il avait affaire à un gamin là ! C’était vraiment indélicat de sa part.


Tu avais été ferme, comme tu savais l’être dans les situations où c’était nécessaire. Ton expression faciale changea du tout au tout ; de froide à chaleureuse alors que tu tournas la tête vers Nino et lui fis signe de te suivre à l’intérieur du Palais. Le garde vous avait laissé le passage et tu en étais satisfaite. Une fois passé le pas de porte, tu arrêtas net ta marche.


Maintenant, ton plan était clair. Tu t’approchas du bureau principal derrière lequel se tenait une personne chargée d’accueillir tout individu entrant dans le Palais. C’était une femme que tu connaissais évidemment et que tu aimais bien, en prime.


Tout allait bien se passer.

Code par Hiyorin

Pas question pour le garçon de se laisser davantage tourner en ridicule, c'est pour cette raison qu'il avait tourné brutalement les talons pour s'éloigner d'un pas rageur du palais. Les choses ne changeraient jamais. Désabusé du haut de ses 15 ans, Nino en était persuadé. Mais c'était sans compter la tête de mule dont il venait de croiser le chemin. La jeune fille s'était précipitée pour le rattraper et accrochant son bras, le stoppa dans sa lancée. Nino s'apprêtait à la repousser violemment et l'agresser verbalement à nouveau, mais heureusement, la jeune fille fut plus rapide que lui, lui promettant que ça n'allait pas se passer comme ça et déjà, retournait se planter devant le garde.

Quittant le ton doux et prévenant qu'elle arborait avec Nino, elle se montra très impérieuse, prenant de haut le soldat qui exécutait pourtant les ordres. La réaction du garde ne se fit pas attendre, alors que la jeune fille ne se laissait pas démonter et avançait son nom comme un passe droit, tirant une grimace de dégout sur le visage de Nino tandis qu'il fronçait également les sourcils. Il avait déjà entendu ce nom, mais ne se souvenait pas où. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage, qu'il se re-concentrait sur la conversation tandis que le garde bafouillait de vagues excuses et se décalait pour les laisser passer.

Il aurait sans doute du se sentir heureux et honoré que la jeune fille lui porte secours de la sorte, mais cela ne lui laissait qu'un goût amer en bouche. « Ouai, tant que je suis avec toi », lâcha le garçon d'un ton plus violent qu'il ne l'aurait voulu, bien conscient d'être à la merci du bon vouloir de la jeune fille. Se rendait-elle compte ? De ses privilèges ? De la façon dont les nobles les traitaient ? Même si son aide partait d'un bon sentiment et que Nino se sentait redevable pour cela, il ne pouvait s'empêcher de la détester, elle et ses semblables. Il se fourvoyait complètement mais pensait qu'elle ne faisait ça que pour réaliser sa bonne action du jour, d'avoir sauver un pauvre malheureux. S'il n'avait pas été aussi préoccupé et inquiet pour sa mère, le garçon n'aurait pas ravalé ainsi sa fierté et lui aurait renvoyé ses bons sentiments à la figure.

Il laissa la jeune fille le guider vers un comptoir, ravalant les phrases acerbes que la jeune fille ne semblait pas mériter tant elle semblait sincère dans sa démarche et ses propos. Mais la colère du garçon le rendait aveugle à cela aussi, aussi il préféra se murer dans le silence, attendant la réponse de la femme et de savoir s'il allait rencontrer ou non monsieur Gil’ Tarannon que sa fille venait de quémander. Il se demanda un instant ce qu'elle avait en tête et si cela arrivait souvent à Lalwendë d'exiger ainsi la présence de son père, ne pouvant s'empêcher de faire le parallèle avec sa propre famille. Lui, il aurait été bien mal reçu de procéder de la sorte, sa mère n'aurait sans doute pas manqué de lui faire remarquer que personne n'était à sa disposition dans ce bas monde et qu'il manquait cruellement d'éducation en faisant cela.

Le commencement feat. Nino

Il fallait l’avouer, c’était un avantage d’avoir un passe pour entrer partout où tu voulais rien qu’en donnant ton nom. Mais tu étais consciente de cette chance et tu en étais reconnaissante, tu n'étais pas plus arrogante que ça. Mais pouvait-on vraiment t’en vouloir de profiter d’un avantage qui t’avait été offert ? Ce n’était pas vraiment ta faute, et quitte à avoir un avantage sur un plateau d’argent, il fallait l’utiliser, tu ne penses pas ?

La réaction de Nino te fit te sentir coupable, justement, de profiter du passe-partout qui t’avait été donné de par ta naissance. Avait-il raison, étais-tu si arrogante que ça ? En tout cas il t’en donnait l’impression, et c’était très désagréable. Il avait lâché une phrase assez violemment, ce qui t’avait brusquée mais encore une fois, tu essayais de le pardonner par les circonstances, qui devaient être horribles pour lui, d’autant plus s’il avait pas mal de fierté, ce qui te semblait être le cas. Comment aurais-tu réagi si tu avais été à sa place ?

« Pas besoin d’être aussi négatif, tu sais. Je ne suis pas aussi arrogante que tu ne le croies. » lui lanças-tu d’un ton moins gentil cette fois.

Tu attendais patiemment ton père au comptoir. Tu avais jugé plus judicieux de demander ton père et non ta mère. Il était plus à-même de répondre à tes demandes et c’est ce que tu voulais présentement, alors ça t’arrangeait et c’était plus un choix stratégique qu’autre chose. Après quelques minutes d’attente, il apparut enfin dans le couloir, s’approchant d’un pas puissant vers vous, avec tout le charisme et la prestance du monde. Une vraie allure de noble, comme Nino devait bien détester.

« Lalwendë, je t’ai déjà dit de ne pas me déranger pendant mon travail. Qu’est-ce qui se passe ? Qui est ce garçon ? »

La réaction de ton père était on ne peut plus normale. Tu étais sa fille et tu l’avais dérangé pour un problème qui allait peut-être lui paraitre de moindre importance, mais tu espérais que ce ne soit pas le cas et au fond, tu savais.

« Désolée Père. Sois persuadé que c’est un problème de la plus haute importance. J’ai besoin que tu convoques un Rêveur immédiatement, pour ce garçon. Son nom est Nino Krysten, et c’est un ami. Un de ses proches en a besoin. S’il te plait. Je ne te dérangerai plus jamais s’il le faut. »

Le ton sur lequel tu t’étais exprimée était ferme tout en étant un peu soumis. C’était la manière dont tu t’adressais à ton père de manière générale. Tu avais tout fait pour le convaincre. Tu lui avais donné tous les détails pour qu’il sache exactement de quoi tu parlais et ce que tu demandais de lui. De ses grands yeux bleus, il jugea un instant le garçon qui t’accompagnait avant de soupirer et de rediriger son regard vers toi.

« … Bon. Très bien. Mais c’est la dernière fois que je te fais une telle faveur. »
- Oh, merci ! » t’exclamas-tu sur un ton sincèrement joyeux.

Tu te tournas soudainement vers Nino et attrapas son regard en lui offrant ton plus beau sourire. Ton plan simple avait fonctionné !

« Tu vois, je te l’avais dit ! » lui lanças-tu avec un clin d’œil.

Tu étais trop occupée pour remarquer ton père qui s’était déplacé jusqu’au comptoir pour demander à la femme d’aller lui chercher un des rêveurs qui résidaient dans une tour annexe au Palais. Tu étais refaite, vraiment. Tu avais raison et Nino allait pouvoir être aidé. La fin parfaite comme tu l’avais imaginée.

Code par Hiyorin

Pour la première fois depuis qu'elle l'avait arrêté, la jeune fille lui répondit sèchement. Réalisant qu'il s'était sans doute montré bien trop dur avec celle qui ne cherchait à rien faire d'autre que l'aider, Nino commença à culpabiliser. D'autant qu'il ne la trouvait pas si arrogante que ça, mais comment lui expliquer ? Comment dire à une fille qui n'avait jamais manqué de rien que ce n'était pas aussi facile que cela en avait l'air. Elle n'avait qu'à prononcer son nom, les portes s'ouvraient pour elle. Alors que Nino elles restaient fermées. A double tour. Ils venaient de la même ville et semblait pourtant évoluer dans deux mondes différents. Conscient qu'il allait être maladroit et confus dans ses explications, il préféra ne rien répondre, se murant dans le silence attendant le père de la jeune fille ne te tarda pas à les rejoindre.

Ce dernier commença d'ailleurs par sermonner doucement la jeune fille et cela rassura le garçon qui finalement, trouvait des similitudes dans leur famille. La jeune fille ne se laissa pas intimider, aussi déterminée qu'elle l'était depuis le début de la rencontre, elle expliqua à son père la situation, enfin, le peu dont elle avait connaissance. Nino fut touché en notant que la jeune fille était prête à renoncer à toute future aide de son paternel pour qu'il accepte de lui venir en aide dans l'immédiat. « Merci, » souffla le garçon qui ne trouvait plus les mots pour exprimer ce qu'il ressentait. Son coeur battait le tambour dans son corps, il n'en croyait pas ses oreilles. Un rêveur allait se rendre au chevet de sa mère. « Vraiment merci » recommença le garçon en plongeant ses yeux dans les lacs bleus de la jeune fille. « Merci beaucoup monsieur, » prononça aussi le garçon alors que le père de Lalwendë revenait vers eux pour leur dire que c'était arrangé et qu'un rêveur arriverait d'ici peu.

Il quitta rapidement les deux jeunes, retournant à des affaires plus pressante sans nulle doute. Nino attendait impatiemment l'arrivé du rêveur, espérant trouver en lui une solution à tout leur problème. Il laissa la jeune fille derrière lui, ouvrant le chemin pour guider le rêveur à travers les ruelles d'Al-Jeit depuis l'entrée du Palais jusqu'à son appartement. Il l'ignorait alors, mais cette visite était vaine et signait le début de la fin qui le laisserait dans peu de temps, orphelin de mère.